vendredi 22 mars 2013

APPROCHE HISTORIQUE ET SOCIOLOGIQUE DU TRAVAIL SOCIAL


Il a fallut attendre le début du 20ème siècle pour que le travail social se professionnalise. Très longtemps, le social est resté le domaine réservé des bonnes œuvres et des religieux. C’est dans le domaine de la rééducation des personnes handicapées que commence la profession sociale. Les moments clés qui balisent la professionnalisation de la profession :

1850 : première réglementation sur l’éducation et le patronage des jeunes détenus à l’initiative du ministère de l’intérieur. C’est le contexte de réaction à la Révolution de 1848,
1880… : pour se démarquer de l’Eglise, deux bourgeois (philanthropes) participent à la création de sauvetages qui étaient des protections de l’enfance. Parallèlement, les syndicats de la période de la révolution industrielle s’organisent en coopérative afin d’aider les familles ouvrières nécessiteuses. L’action sociale se présente aussi comme une éducation morale portée par les patrons et les médecins hygiénistes,
1889 : au nom de la protection de l’enfance maltraitée et moralement abandonnée, l’Etat créé la loi sur la déchéance des droits de puissance paternelle,
1898 : loi de répression commise par ou sur des enfants. Elle stipule que le juge peut confier l’enfant à la famille, à une œuvre charitable. Fin de 19ème siècle, les assistantes sociales interviennent dans les familles pour conjurer les problèmes d’alcoolisme, de syphilis, etc.,
1909 : organisation des premières classes de perfectionnement et des commissions médico-pédagogiques, en parallèle avec les premières mesures de justice (premiers tribunaux pour enfants en 1912),

Les lois au début de la 3ème République sont inséparables des objectifs d’ordre social après la Commune de Paris (lire Jules Vallès).

1910/20 : ces années vont consacrées les ministères de l’instruction publique et de la justice (l’éducation morale et la répression),
1935/36 : décrets et lois qui organisent l’assistance éducative et qui dépénalisent le vagabondage au profit du placement rééducatif. Les enfants sont considérés comme inassimilables,
1940… : le régime de Vichy fait l’objet d’une prise en charge structurée, cohérente et opérationnelle de sauvetage des enfants dévolue à une association régionale de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence (plan de 1942) :

1. un régime totalitaire se doit d’éduquer sa jeunesse,
2. la loi du 27 juillet 1942 affirme le principe de rééducation par opposition à la répression, à la condition de maintenir les fonctions de contrôle social et de répression. Les centres d’accueil et les pénitenciers font l’objet d’observation et de triage des jeunes.

1942 : dès le mois d’avril, la France passe de Pétain (Vichy nationaliste) au régime de Laval (Vichy fasciste) qui perdurera jusqu’au printemps 1944. Cela se traduit par la constitution d’équipe régionale de l’enfance déficiente et en danger moral : ces équipes sont composées d’un magistrat, d’un médecin, d’un fonctionnaire de l’Etat (pas de représentant de l’2ducation National coupable d’action déloyale et dangereux) et d’un pasteur car l’embrigadement des jeunes se faisait par les Relais, qui sont des structures protestantes avec un rôle répressif et éducatif. Mais c’est aussi à partir de ces relais que vont naître les premières mesures d’éducation spéciale. Sous Vichy, les experts de l’enfance répondent à une double efficacité :

1. institutionnelle : disponibilité de nouveaux chefs orientés par toute une politique d’encadrement social et culturel (ex : scouts),
2. technique et pratique : le régime fixe les conditions générales du dépistage de la classification et de la rééducation des enfants inadaptés.

cf. M. Chauvière « Enfance inadaptée : l’héritage de Vichy »

C’est dans ce contexte curieux que ces dispositifs préfigurent l’ordonnance de 1945 qui institue une direction de l’éducation surveillée, spécialise les juges pour enfants et pose le principe de l’irresponsabilité pénale du mineur. Elle manifeste clairement le législateur pour des mesures de rééducation,
1945/1958 : création d’Emmaüs en 1953, puis des I.M.P. et I.M.Pro. en 1957 et de l’A.E.M.O. en 1958. L’assistance publique se transforme en aide sociale,
1958 : ordonnance du 23 décembre sur la protection des mineurs et l’assistance éducative. Elle modifie l’article 375 du code civil. La Libération facilite l’importante disjonction entre l’éducation surveillée (la justice) et l’éducation spécialisée (la santé),

Leçons du régime de Vichy :

Dans les années 1940, paradoxalement :

a. La délinquance entre difficilement dans le cadre de l’inadaptation,
b. Les pupilles de l’Etat sont parqués dans les foyers de l’enfance,
c. Cette période est un moment de déséquilibrage/rééquilibrage entre le privé et le public (sous Vichy on dénigre les instituteurs au profit des bénévoles). Il s’agit de restaurer des valeurs familialistes et ruralistes.

Cette période a permis de faire émerger trois modèles :

a. L’éducateur technicien de l’observation : il assure la quotidienneté familialiste des enfants et les observe scientifiquement. C’est aussi l’auxiliaire subordonné du psychiatre et du juge pour enfant,
b. L’éducateur de l’éducation sublimée : dérivé du scoutisme laïque, il préside à la moralisation au travers d’activité de groupe. Avec une nécessité de l’accrochage affectif et un charisme naturel,
c. L’éducateur de l’éducation consacrée : il a pour vocation de se consacrer à l’autre. L’amour de l’enfant est à la fois sa raison d’être et le meilleur moyen de l’éduquer.

La professionnalisation est l’émanation d’un processus non linéaire. C’est le produit instable de rapport de force et d’influence. Les figures pionnières de l’éducation pèsent contradictoirement sur l’unification d’une figure professionnelle, au moins sur deux points :

L’encrage vocationnel d’une part, qui constitue un point de résistance à la technicisation du métier,
L’encrage bénévole d’autre part, le don de soi qui offre et renforce la vocation et s’oppose aux professions salariales.

La Libération consacre le retour d’un Etat social. Cela se traduit par un premier plan (1947 – 1953) qui est un compromis entre le pouvoir politique et économique. Ces grandes réformes aboutissent à la codification du droit à l’aide sociale. Création des Bureaux d’Aide Sociale (B.A.S.) devenus C.C.A.S. depuis 1983, ordonnance de 1945.
Le quatrième plan (début ’60), véritable stratégie sociale, où le plan de modernisation et d’équité devient le plan de développement économique et social et s’inscrit dans un gaullisme triomphant qui affirme la suprématie du politique sur les mécanismes aveugles de l’économie. Ce plan s’inscrit dans une accélération de la croissance industrielle productive.
Ce modèle est différent du modèle américain : un mode de vie plus solidaire par la promotion d’équipements collectifs (ex : M.J.C.). En dépit de cette volonté de promotion d’équipements collectifs, ces plans montrent que le secteur social est encore subordonné au puissant secteur sanitaire.
A la fin des années 60, les principaux lieux d’intégration professionnelle sont les M.J.C., les 1000 clubs, les foyers des jeunes, les foyers ruraux, les centres sociaux… l’entrée massive des éducateurs dans le secteur social est précédée de la naissance des Centres Techniques Nationaux d’Etudes et de Recherches sur le Handicap et les Inadaptations (C.T.N.E.R.H.I.). Naissance de la Convention Collective de 1966.
Ces années 60 ne sont pas affranchies de tensions multiples : l’urbanisation massive et rapide laissent des groupes importants de sans parole sur le marché politique. D’autre part, la montée des classes moyennes se traduit par des demandes nouvelles tant dans le domaine socio-culturel que dans celui des personnes âgées et par conséquent, ébranlent la structure traditionnelle des services collectifs. Les systèmes de secours, les hospices paraissent de moins en moins adaptés. Dans le domaine de la maladie mentale, les nouvelles exigences se traduisent par le refus de l’isolement asilaire qui cesse d’être le principe thérapeutique premier. Il s’agit d’aider les individus à survivre dans leur milieu : c’est la sectorisation psychiatrique (effective 25 ans après) et hospitalière gouvernée par une logique financière. 1968 est passée par là.

cf. Zarifian « Les jardiniers de la folie »

On est confronté à une France pauvre dans une économie de croissance rapide : les dépenses d’aide sociale vont se multiplier, de même que le nombre d’enfants retirés de leur famille et placés en institution au moment où les professionnels vont remettre en cause la pertinence des pratiques qui étaient plus favorables à une action plus globale qui maintiendrait les enfants inadaptés dans leur milieu de vie.
Il y a une véritable volonté qui conduit les professionnels à sortir de leur cloisonnement rigide des prises en charge et de la fragmentation marquée des bureaucraties sociales. Pour entrer dans la prise en charge, il faut entrer dans la classification, les termes et les normes attendus (ex : débiles, débiles légers…) de cette bureaucratie. Tel type de catégorisation correspondait à la distinction des compétences et des territoires exclusifs (ex : un enfant est ou bien psychotique ou bien débile).





1960

Sectorisation psychiatrique

1962

Rapport Laroque : prolonger la participation active des personnes âgées dans la vie sociale,


1967

Rapport Bloch / Laine : affirmer le droit des handicapés à vivre au milieu de leurs concitoyens,


1971

Rapport Dupont / Fauville : proposer un ensemble de mesures qui transforme l’A.S.E. d’un modèle de placement des enfants en un système d’aides multiformes (A.E.M.O., allocations mensuelles…) aux parents,


1980

Rapport Bianco / Lamy : préconiser le maintient de l’enfant dans son milieu.


Le travail social aujourd’hui :

Premier constat : le travail social est un monde protéiforme. Les pratiques sociales sont diverses. Les éducateurs, les assistantes sociales et les animateurs sont des travailleurs sociaux.
Deuxième constat : les pratiques ne sont pas toujours bien repérables. Points névralgiques de désaccord entre les politiques sociales, les collectivités et les travailleurs sociaux. D’où une demande d’évaluation des premiers envers les seconds.

Le contexte à partir des années 80 :

1. une crise de l’emploi : officiellement aujourd’hui 10 % de chômeurs, réellement environ 20 % de situations précaires,
2. de plus en plus de personnes basculent dans la précarité, l’exclusion. Ces facteurs redessinent les champs d’action de l’intervention sociale,
3. la flexibilité, l’employabilité (indicateurs objectifs, qualification, expérience professionnelle, motivation…) et la précarisation du travail.

Autres indicateurs d’évolution des modèles familiaux :

le contexte dans lequel le divorce, la séparation apparaissent peut-être comme des facteurs aggravants,
les filiations biologiques, généalogiques et éducatives sont déconstruites par un contexte économique, politique et social en crise : c’est la désaffiliation,
les éducateurs doivent se décentrer de leurs représentations des modèles familiaux.

L’évolution démographique : c’est une conjugaison de la baisse de la natalité et de la fécondité avec l’augmentation de la durée de vie → vieillissement de la population → transformation du travail social.
Les contraintes budgétaires : les prestations de sécurité sociale sont de plus en plus limitées dans leurs montants et leurs durées. L’aide sociale ne dispose pas toujours de moyens suffisants pour compenser cette perte.
Aujourd’hui le modèle légitime de l’intervention professionnelle (l’A.S.E.) est en crise. Dans les circonscriptions de l’action sociale, dans les années 80, les assistantes sociales sont confrontées à la montée en puissance du chômage. Jusque là, leur travail reposé sur le « case work » ou aide psychologique en milieu familial : elles sont devenues des prestataires de services comme des guichetières du social. Une partie des assistantes sociales sont très malheureuses à l’idée de proposer une mesure pour corriger les difficultés personnelles (aide financière renouvelable à visée éducative) à des gens qui sont simplement atteint par un phénomène structurel comme la montée du chômage.
Les arrêtés de 1972 définissent un cadre d’intervention et une éthique des services de prévention spécialisée :

1. respect de l’anonymat,
2. libre adhésion,
3. non institutionnalisation,
4. non mandat.

Le rapport Bonnemaison de 1982/85 met en place une réflexion collective, pour la première fois de façon institutionnalisée. Les acteurs sociaux qui jusque là s’ignoraient, s’organisent de manière collégiale (Responsable d’Unité Territoriale – R.U.T. ; P.J.J. ; procureur ; commissariat ; mairie ; C.C.A.S. ; associations…). Ce rapport créé les Conseils Communaux de Prévention de la Délinquance  (C.C.P.D.) et les C.D.P.D. c’est la mise en place de la décentralisation conjuguée avec le contexte économique qui bouleversent le travail social et notamment les pratiques des équipes de prévention.
Naissance sous Mitterrand 1 des Entreprises Intermédiaires (E.I.) qui ont pour objet d’insérer des jeunes de plus en plus éloignés du monde du travail. Elles étaient à l’initiative des éducateurs et sont éloignées des logiques productivistes et axent leur travail sur l’éducatif : apprendre à se lever le matin, améliorer ses rapports avec les autres… Apprentissage et travail des métiers artisanaux.

1. difficultés liées à l’entrée en concurrence avec les acteurs locaux,
2. financées au départ, les E.I. devaient s’autosuffir,
3. disparité entre celles qui s’orientaient vers des logiques de production et celles qui drainaient un public plus éloigné du monde du travail que les autres.

Le futur designe de IOS sera très moderne


C'est un fait : iOS est vieux. A sa sortie en 2007, l'iPhone a tout chamboulé dans le monde de la téléphonie et dans ses grandes lignes, son système d'exploitation est resté le même. Apple doit changer cela.

Et la prochaine version du système pourrait être concernée. Petit retour en arrière : il y a quelques mois maintenant, Apple raccompagnait vers la sortie monsieur Forstall, responsable du design logiciel. C'est lui et son équipe qui ont conçu les grandes lignes d'iOS, cette grille fixe, ces notifications peu utilisées et toutes ces applications qui avaient pour but de ressembler à des objets du quotidien. Désormais, c'est le grand John Ive qui est en charge de la conception logicielle, lui qui est déjà responsable du design des produits Apple. 
Vous connaissez la philosophie du bonhomme : créer des choses épurées et fonctionnelles, utilisables par le plus grand nombre et surtout, parfaitement adaptées à la tâche que l'on demande d'elles. On n'imagine donc pas qu'iOS puisse rester une version de plus dans cet état : Ive aux commandes, tout sera remis à plat. Et c'est d'ailleurs bien d'un design « plus plat » dont il est question dans la déclaration d'une source du Wall Street Journal. La modernité passe par une épuration des contours et des formes - un peu comme ce qu'a fait Google d'Android 2.3 au thème Holo.
Cela dit, ce n'est pas d'Apple de faire un changement aussi radical : il faut aussi rassurer une base d'utilisateurs colossale. Du coup, la prochaine version devrait conserver beaucoup d'éléments visuels iconiques du système, tout en donnant un coup de jeune à l'ensemble. On ne voit pas disparaître l'organisation en grille par exemple, mais le design des applications pourrait être repensé. Google, par exemple, a fait un travail de génie pour Maps et Gmail sur iOS, qui sont bien plus belles et fonctionnelles que les versions Android. Du coup, on se doute que le résultat sera une savante alliance du savoir-faire maison, des avancées de MacOS et de ce qui se fait de mieux ailleurs. Ce sont les règles du jeu.