Le 1er janvier 1804,
Haïti a écrit une nouvelle page d’histoire dans le monde. Les noirs de St
Domingue ont vaincu les systèmes esclavagistes et ségrégationnistes misent en
place dans cette colonie pendant près de trois siècles par les colonisateurs
français. Pour vaincre ce système les noirs ont battu la première armée de
l’époque, l’armée de Napoléon Bonaparte. Cette révolte est la première révolte
d’esclave des temps modernes à avoir réussi dans le monde. Pour pérenniser
cette révolution et sauvegarder cette liberté, Jean Jacques Dessalines le chef
de la révolution a pris un ensemble de mesure à l’intérieur du pays : il a promulgué
une constitution qui stipule en son article 2 que l’esclavage est à jamais aboli[1]
et prescrit qu’au premier signal d’alarme
les villes disparaissent et la nation est debout. Le 9 avril 1804 Il fait
publier une ordonnance qui stipule que :
“Les
généraux divisionnaires, commandant les départements, ordonneront aux généraux
de brigade d’élever des fortifications au sommet des plus hautes montagnes de l’intérieur, et les
généraux de brigade feront, de temps en temps, des rapports sur les progrès de
leurs travaux”[2].
Cette décision avait pour objectif de défendre contre tout éventuel retour des
français, et contre toute agression de toutes les autres puissances étrangères.
Dans cette optique un ensemble de forts vont être construit un peu partout à
travers le pays. Dans l’ouest le général Pétion fit exécuter les forts Jacques
et Alexandre, le général Cangé plaça le fort Campan au-dessus de la ville de
Léogane, le général Fabre-Nicolas Geffrard fit élever la forteresse des
Platons, Le général Henry Christophe, Commandant du département militaire du
Nord, entreprit la construction du fort Rivière et du fort Neuf, au-dessus du
bourg de la Garde-Rivière, du fort Dahomey au-dessus de Camp-Coq, près du
Limbe, sur le pic de la Soufrière et le Fort des Bayonnais au-dessus d’Ennery et
contrôlant la Passe-Reine, du fort Sans Quartier, du fort Brave, du fort
Jalousière (dit le Redoutable ?) dans les mornes de Marmelade, de la citadelle
La Ferrière (la Citadelle Henry) et de quatre redoutes sur le morne des Ramier,
etc. Le général Christophe souvent appelé le roi bâtisseur va retenir notre
attention tout au long de cet exposé. Ce dernier a laissé des œuvres
extraordinaires qui suscitent de nos jours l’émerveillement des étrangers qui
ont déjà visité notre singulier petit pays. Ces monuments ont transcendé le
temps et nos frontières. Pour mieux saisir cet illustre génie nous allons deux
de ces œuvres, à savoir la Citadelle Laferrière et le palais sans souci. Nous allons analyser le contexte historique de
la construction de ces monuments. Nous allons essayer de dégager leur
importance dans l’histoire du pays.
II-
La
Citadelle Laferrière
a a ) Description physique
La Citadelle Henry communément
appelée Citadelle Laferrière du nom de l’architecte suisse Laferrière qui était
chargé des travaux. Elle est située à 28 km au sud-est de la ville du Cap-Haitien
sur le sommet du bonnet à l’évêque à 836 mètres d’altitude. Tout de suite après
l’indépendance, le général Christophe posait déjà les fondations de la
forteresse bien avant l’ordonnance du 9 avril du général Dessalines. Pendant ces
tournées révolutionnaires, il avait déjà
établit divers camps militaires à l’entrée de la gorge du boucan, sur l’habitation
Milot au Dondon et à la grande Rivière. L’historien Haïtien Thomas Madiou
rapporte que dès le mois de janvier 1804 Christophe avait fait commencer la
construction de la Citadelle sous la direction d’un homme de couleur un
officier du génie appelé Henry Barré, c’est avec ce dernier qu’il imagina le
plan de la forteresse. L’architecte écossais du nom de Laferrière était chargé
de finaliser les travaux[3].
Dans l’art de la fortification, la citadelle occupe, en effet une place tout à
fait originale dans la mesure où elle réussit la synthèse entre les doctrines
des deux maitres de la fortification : le marquis Jean-Sébastien Lepestre
de Vauban, maréchal de France, et Montalembert de l’école de Vauban. La
citadelle couvre une superficie d’environ un hectare, elle est composée de
quatre tours, des bastions d’angle, et de neuf batteries dénommés :
batterie Coidavid, Rotonde, Royale, Brostage, Princesse, Reine, Prince-Royale,
Grand-Boucan et pont Levis[4].
Cette forteresse est complétée par des bâtiments annexe qui sont : le
palais du gouverneur de la citadelle, la poudrière intérieure, le quartier des
officiers, la batterie de Ramier, l’hôpital et la poudrière extérieure. La
construction de la Citadelle a débutée en janvier 1804, a duré près d’une
quinzaine d’année et elle a nécessité une main-d’œuvre de 10 à 20 000
individus. Les murs de la Citadelle ont une épaisseur de 5 à 6 m de large, ces
murs longitudinaux atteignent 940 m. Elle a de large citernes pour conserver
l’eau et des dépôts pour emmagasiner de la nourriture pour une année, pour
quelques 5 000 soldats.[5]
La citadelle a subit de nombreuse dommage au cours des ans d’ordre naturelle et
humaine, en 1842 un terrible tremblement de terre détruit en grande partie le
palais de sans-souci, ébranle la Citadelle et endommage gravement la batterie Coidavid.
canon |
canon et boulet |
b ) Contexte historique :
Comme nous l’avons mentionné dans
l’introduction la Citadelle Henry ou Citadelle Laferrière a été érigée dans un
contexte bien particulier. Après la proclamation de l’indépendance en 1804,
Haïti, la nouvelle nation qui vient de naitre représente une menace pour les
grandes puissances coloniales de l’époque. Il faut à tout prix châtier avec
sévérité ce peuple rebelle qui a pu
commettre l’impudence de se déclarer libre. L’ancienne métropole menaçait
chaque jour la nouvelle nation d’un retour imminent dans les jougs de
l’esclavage. Pour ce défendre le général en chef à ordonner à tous ses généraux
de fortifier tout le pays. Une trentaine de forts vont voir le jour un peu
partout à travers tout le pays. La Citadelle Henry fait partie de ce réseau de
fortification, elle représente un monument de défense pour la nouvelle nation
qui vient de naitre, un rempart contre les colonisateurs. Il faut mentionner
aussi que la Citadelle en plus d’être une forteresse de protection est un
symbole de la victoire du peuple haïtien sur l’esclavage et l’oppression, c’est
aussi une manifestation de la puissance royale du roi Henry 1er
après la mort du général Jean-Jacques Dessalines.
c c ) Importance de la citadelle :
La citadelle avec ces plus de 50
000 boulets, un parc d’artillerie de plus de cent soixante pièces avec une
majorité utilisant des boulets de 24 livres et dont la masse est en moyenne de
deux tonnes et demi. Ces pièces de bronze viennent de France, de
Grande-Bretagne, de Naples et d’Espagne sont de véritables chefs-d’œuvre de
l’art militaire et de la technologie du XVIIIe siècle. Une dizaine
de ces pièces de bronze sont des œuvres uniques au monde. Parmi les canons
présent dans la Citadelle, il y de ceux qu’on considère comme des trésors
inestimables. On retrouve quatre canons Anglais dans la Citadelle qui sont des
rarissimes, le plus ancien a été fondus aux alentours de 1719, sous le règne de
Georges 1er (1714-1727). Il porte les grandes armes éclatées
d’Angleterre réunissant les fleurs de Lys françaises, les léopards anglais, la
harpe irlandaise et les chevaux du Hanovre, patrie d’origine du souverain. L’un
des canons portent la devise “Fiel Pero Desdichado” est unique au monde. Tous
ces œuvres d’art militaire et artistique inestimable ne fait que rehausser la
valeur de cette œuvre historique. En 1934, le gouvernement du président Sténio
Vincent fait entreprendre des travaux de nettoyages des végétations et de mise
à jour des murs. Une loi sur la protection des sites et des monuments
historiques va être promulguée en 1940. L’importance de ce patrimoine
historique dépasse largement nos frontières, en 1982 l’UNESCO[6]
classe la Citadelle, le palais Sans-Souci, Ramiers patrimoines de l’humanité.
L’architecte en chef des monuments historiques de France, Georges Duval,
qualifie la citadelle comme une œuvre cyclopéenne et l’une des plus
extraordinaires forteresses de notre temps (1980). Elle a inspirée des
écrivains et des poètes de renom comme, Aimé Césaire, Edouard Glissant,
Alejandro Carpentier, un prix Nobel de littérature sir Derek Walcott, etc.[7]
Elle est la destination touristique la plus prisée de la caraïbes.
III-
Le
palais sans-souci
le palais sans souci |
a ) Descriptions physiques :
Le palais sans-souci ou « le
Versailles Haïtien »[8]
est situé à Milot dans le département du nord a 20 km du sud-ouest de la ville
du Cap-Haitien, il fait partie du parc national historique de la région. Il a été construit entre 1811 et 1813 par le
roi Henry 1er. Il est entouré
de deux massifs montagneux, l’ensemble du palais constitue un amphithéâtre
s’étendent sur environ huit hectares. Le
palais proprement dit était la résidence du roi et des membres de sa famille.
Il est de forme rectangulaire, il s’étend sur 51 m de long, 25 m de large et 25
m de hauteur.[9] Le
palais était constitué du bâtiment administratif, de la résidence du prince, du
cas caserne, de l’écurie, de l’arsenal, de diverses ateliers, de l’hôtel de la
monnaie, de la bibliothèque royale, de l'hôpital, la chapelle royale, les
jardins du palais, etc. Aujourd’hui il ne reste que le ruine de ce somptueux
palais.
b ) Contexte historique :
Après la mort de l’empereur
Jean-Jacques Dessalines dans un complot impliquant le général Alexandre Pétion,
le général Henry Christophe, et d’autres général. Le général Henry fut nommé
président de la république le 28 décembre 1806, sous l’égide d’une constitution
élaboré de toutes pièces par le général Alexandre Pétion le 27 décembre 1806.
Christophe mécontent des pouvoirs très limités que lui accordaient cette
constitution marcha sur Port-au-Prince, le district dominé par le général
Pétion. Il fut repoussé, le sénat que la nouvelle constitution avait créé déclara
Christophe hors la loi. Ce dernier s’établit dans le nord et promulgua au Cap
un acte constitutionnel (17 janvier 1807), délibéré dans un conseil privé, qui
lui déféra la présidence à vie, avec les pouvoirs souverains et le titre de
généralissime de toutes les troupes d’Haïti. En 1811, il prit le titre de roi
d’Haïti et se fit sacrer sou le nom de Henry 1er. Il se conduisait
comme un despote mégalomane, sa mégalomanie apparaitra dans sa passion des
grandes constructions, la citadelle, le palais sans souci, etc. C’est dans ce
contexte historique que le palais être construit.
c) Importance du palais :
De
même que la citadelle, les vestiges de ce palais constituent l’une des
attractions touristiques de la zone. Le palais attire des milliers de visiteurs
annuellement, comme nous l’avons mentionné un peu plus haut le palais fait
partie du parc national historique de la région donc c’est un lieu protéger par
des lois nationaux (lois 1940, protégeant les sites et les monuments
historiques), les conventions internationaux et les organisations
internationales. Il fut classé patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 1982.
IV-
Conclusion
Nous avons présenté
la Citadelle Laferrière et le palais sans souci, nous les avons placés dans
leur contexte historique et parlé de leurs valeurs. Ces deux monuments sont des
œuvres inestimables que le roi bâtisseur Henry 1er a laissés à la
postérité. Malheureusement, nous n’arrivons pas à les protégés et à les
exploités. L’ISPAN[10]
a beau tiré la sonnette d’alarme sur la menace de disparition qui pèse sur ces
monuments, les autorités ont fait la sourde d’oreille. Nos dirigeants ont perdu
l’orgueil qui animait nos pionniers. On espère qu’un jour nos dirigeants
retrouveront l’orgueil, la vision qui animait, l’esprit progressiste et mégalomane
qui animait nos pères fondateurs.
BIBLIOGRAPHIE
DENIS, Watson, symbolisme et potentialités touristiques,
Le Nouvelliste, 4 septembre 2009
DENIS, Watson, symbolisme et potentialités touristiques,
Le Nouvelliste, 7 septembre 2009.
HYVERT, Giselle, conservation et restauration de la citadelle
Laferrière, du palais de sans souci et du site des ramiers, Paris, 1979.
ISPAN, Bulletin no 3, août 2009
ISPAN, Bulletin no 28, septembre
2011
[1]
JANVIER, Louis-Joseph, les Constitutions d’Haïti, 1886.
[2]
ISPAN, bulletin no 3, août
2009.
[3]
DENIS, Watson, symbolisme et potentialités touristiques, Le Nouvelliste, 7
septembre 2009.
[4]
ISPAN, bulletin no 28, septembre 2011.
[5]
DENIS, Watson, symbolisme et potentialités touristiques, Le Nouvelliste, 4
septembre 2009
[6]
Organisation internationale pour l’éducation, la science et la culture
[7]
Ibidem…note 3.
[8]
En référence au château de Versailles français,
construit en 1623 par Louis XIII
[9]
HYVERT, Giselle, conservation et restauration de la citadelle Laferrière, du
palais de sans souci et du site des ramiers, Paris, 1979.
[10]
Institut de sauvegarde du Patrimoine nationale
Good job
RépondreSupprimerC'est bien
La Citadelle La Ferriere is a Large fortress in the mountain in situated in North Haiti nera a city called Cap Haitien. The fortress is the largest fortress in the Americas and was selected by the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) as a World Heritage Site in 1982. This mountaintop fortress is became an icon of Haiti. The body of General Henry Cristov brought into the fortress of La Ferrier. More Photos: http://www.worldfortravel.com/2013/06/08/citadelle-la-ferriere-haiti/
RépondreSupprimerLe Parc Historiques des Forts Jacques et Alexandre.
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